Ayant effectivement eu moins de temps pour lire ce mois-ci, j'ai décalé quelques lectures de fin janvier sur ce début de mois.
H. P. Lovecraft Un des derniers textes en date que j'ai eu l'occasion de lire de Lovecraft, La quête onirique de Kadath l'inconnue m'a laissée plus contemplative que les autres. Le contenu est fondamentalement différent, le récit ne s'inscrivant plus dans le réel mais dans un monde onirique, plein de rêves - et de cauchemars. La structure en est changée et prend à mon sens plus l'apparence d'un conte, avec les soutiens et ennemis du protagoniste qui sont très typés, qu'il s'agisse d'individus ou de groupes entiers. Peut-être d'ailleurs qu'une sorte de plan avait été prévu, car le récit boucle très bien et ré-exploite des tas d'éléments, jusqu'à cette fin bien conçue et avec presque une morale sous-jacente. Moins impliquée par le destin de Carter et l'univers non ancré dans le réel, il s'agit peut-être de l'histoire que j'aurais la moins appréciée de cet auteur à ce jour. Le modèle de Pickman est une nouvelle qui reprend ce personnage clef de La quête onirique de Kadath l'inconnue et dresse, via un témoignage, une partie de son passé. Bien tournée, et écrite sous la forme d'un témoignage oral (le narrateur s'adresse à son ami Eliot), cette nouvelle était très agréable à lire tout en connaissant le contexte précédemment cité. La cité sans nom est une nouvelle que j'ai lue en anglais, plus pour voir si mon niveau était suffisant pour comprendre cet auteur au style si particulier et au vocabulaire daté. En toute honnêteté, si j'ai pu comprendre le fil du texte (une visite archéologique solitaire semblable à ce que l'on voit dans Dans l'abime du temps), il est évident que trop de mots me posent problème (un par page ?) et cela nuit à l'ambiance du texte. Je reconduirai peut-être l'expérience cependant. Enfin, j'ai pu lire L'abomination de Dunwich dont le résumé m'attirait beaucoup, et je n'ai pas été déçue. Narré d'un point de vue externe bien que l'on suive des personnages, l'histoire se présente de façon historique avant d'entrer plus dans l'action. Si les deux premiers tiers ne contenaient pas de véritable surprise, la suite était plus inattendue et élégante. A l'image de L'affaire Charles Dexter Ward, le dénouement se présente un peu comme un deus ex-machina, même si ici les personnages fournissent plus d'efforts et sont plus habilités à disposer de cette solution. Au final, j'aurais apprécié cette longue nouvelle autant que le roman auquel je la compare. Nyarlathotep, la peur qui rôde, la maison maudite et la tourbière hantée sont quatre courtes nouvelles. J'ai lu la première, très succincte, de façon dématérialisée ; les trois suivantes dans un petit recueil papier. J'avoue ne pas avoir été marquée par ces nouvelles, dont la trame est presque à chaque fois la même, seul le contexte changeant. J'ai aussi eu du mal à reconnaitre l'écriture de Lovecraft, ce qui est certainement dû à la traduction. Franz Kafka Kafka est un auteur que j'ai connu en lisant les livres de psychanalyse d'Alice Miller et plus spécialement Ta vie sauvée enfin... où elle parle de très nombreux auteurs et des liens entre leur vie et leur œuvre. Cette lecture avait soulevé m'a curiosité pour un certain nombre d'auteurs classiques, et Kafka a été le second que j'ai lu, après Mishima. En effet, j'ai déjà lu, il y a quelques année Le procès qui m'avait semblé le plus abordable et que j'avais eu du mal à reposer avant de connaitre la fin. Il faut aussi savoir que j'admire le style fluide de cet auteur qui dit les choses d'une façon qu'on ne pourrait mieux reformuler. Cette fois, j'ai lu le court Lettre au père, lettre que Franz Kafka avait écrite à son père sans jamais l'envoyer. Ce courrier n'ayant rien d'une fiction, j'ai reconnu en substance un certain nombre d'éléments biographiques qu'avait relevés Alice Miller. La relation entre les deux hommes est analysée par le fils, qui tente de se distancier malgré la peur qu'il ressent, et tout le négatif de leur relation. Je n'ai pu m'empêcher de me demander si le père avait fini par prendre connaissance de ce courrier, étant décédé bien après son fils (Franz est mort à quarante ans). Si cela n'aurait rien changé, cette lettre reste édifiante quant aux difficultés relationnelles induites par des maltraitances ou des comportements maltraitants et leur influence sur la vie de l'enfant qu'a été Franz. En cela, tous les sentiments de Franz Kafka ressortent dans ses fictions. Puis, j'ai terminé La métamorphose, commencée il y a plusieurs mois et jamais finie. L'histoire en elle-même est une métaphore des propres ressentis de Kafka envers sa famille. Tout du long, l'incompréhension prédomine, et l'aspect dramatique ressort par le fait que le protagoniste, métamorphosé en immense blatte (on notera ce choix de vermine) comprend ce que disent ses proches, leur dégout, voire leur haine et en même temps leur chagrin et leur attachement. La colonie pénitentiaire reprend les thèmes de l'arbitraire, mais aussi de la violence physique et psychologique avec une sentence de mort décidée sans que la victime ne soit prévenue de ce qui l'attend, au nom d'une tradition bientôt abandonnée. Comme tous les récits de l'auteur, celui-ci est saisissant d'émotion. Le Verdict explore également la relation d'un père et de son fils, dans ce qui commence comme une discussion banale évolue en règlement de compte, pour finir par la condamnation à mort du fils par le père par noyade. Fontenelle Comme dit le mois dernier, j'avais déjà eu l'occasion de lire des extraits de cette œuvre en classe, quand nous étudions le siècle des Lumières dont Fontenelle est précurseur (il a vécu 100 ans, à cheval sur le XVIIe et le XVIIIe siècle). Si la lecture est fluide, j'avoue avoir eu un peu de mal à me sentir concernée par le sujet. L'auteur parle des oracles à travers l'histoire et de leur diversité, y portant le discrédit via de nombreuses preuves, mais statuant également sur le fait que les oracles n'étaient pas le fait de démons ou du diable - opinion soutenue pendant longtemps par l'église - mais le fait d'hommes. Ce texte a déclenché des polémiques a l'époque où il a paru, et il devait s'ancrer très bien dans son époque où le christianisme est installé depuis plusieurs siècles et où le paganisme a disparu depuis longtemps. Aujourd'hui, la place de la religion chrétienne est moins centrale en France, de moins en moins de croyants, concurrences avec d'autres religions, avancée de l'athéisme, place des sciences comme nouvelle mythologie... Les raisons sont nombreuses et la distance est d'autant plus grande. Et en même temps, le vrai thème du livre est sans doute justement le passage d'une religion à l'autre, avec le discrédit portée sur l'ancienne religion, ou plus simplement encore la place de l'homme dans la vie des religions. Baudelaire Les fleurs du mal est la principale publication de l'auteur. Comme beaucoup, j'ai pu étudier des extraits de ce recueil de poèmes durant mes études, et j'en avais un souvenir flou. Du coup, j'ai bien reconnu le style de cet auteur mais aussi découvert d'autres types de textes, plus glauques, crus, et qui donnent une véritable couleur au recueil. Cela en a fait une lecture très intéressante.
Mes trois poèmes favoris ont cela en commun qu'ils font dans une certaine référence à la mort et/ou au sexe. Il s'agit de Une charogne, Remords posthumes et L’irréparable.
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AuteurJe suis Arlia Eien, auteure de fanfictions, d'articles , d'essai, et d'avis concernant des objets culturels ou des phénomènes liés au fanzinat. Je traduis également des fanfictions. Autres avis
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Juillet 2021
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