Beaucoup de lecture pour ce premier mois. Ceci est en partie dû au fait qu'une partie des textes lus peuvent être considérés comme courts (nouvelles), mais également au fait qu'il s'agissait d'un mois où je n'ai eu aucun congé. En effet, de façon peut-être contradictoire, je lis moins quand j'ai des jours de vacances car je bouge et me consacre à des projets qui me prennent plus de temps. Sans compter que je lis pas mal dans les transports quotidiens.
E-penser Le livre - dédicacé - m'a été offert à Noël. Je l'ai donc commencé dès fin décembre et l'ai terminé courant janvier. Tout aussi intéressant que le tome 1 dont il est complémentaire, les sujets abordés n'ont pas encore été vus en vidéos par son auteur à ce jour. Sont expliquées de façon abordables les théories de physique les plus pointues que l'on connaisse à ce jour ; sans s'encombrer des formules mathématiques sous-tendues, et avec de nombreuses anecdotes historiques qui rendent l'ouvrage - et les scientifiques présentés - humains et intéressants. Sans qu'un calcul ait été fait de ma part, mes autres lectures du mois ont pour certaines été assez liées à ce livre, et m'ont permis de prendre du recul, et sur la façon de traiter ces théories scientifiques dans des ouvrages de fiction, et à la vulgarisation scientifique quant à l'organisation de l'univers à d'autres siècles. H. P. LOVECRAFT Connaissant l’œuvre de Lovecraft de réputation et de loin par le jeu de rôle "le mythe de Cthulhu", j'avais vu lors d'une convention (les Utopiales de Nantes) les dernières éditions des livres de cet auteur, et avait finalement acheté L'appel de Cthulhu. De fait, ce livre est donc le premier que j'ai lu de cet auteur. S'il est loin de faire partie de mes préférés et qu'il ne m'a pas tant impressionnée que cela en première lecture, c'est le ressenti profond de l'univers derrière qui m'a poussée à aller ensuite lire d'autres histoires sur ma liseuse (beaucoup d'écrits de Lovecraft sont libres de droit en Europe). J'ai donc enchainé avec le Cauchemar d'Innsmouth, qui m'a fait bien plus forte impression. L'horreur vécue par le personnage nous était transmise dans un témoignage direct. On retrouve dans cette histoire la ville imaginaire d'Arkham et ses alentours, et des thèmes forts tels que la généalogie, le fatalisme - ce qui doit arriver arrivera, et cette mythologie d'autres êtres vivant sur Terre depuis bien avant nous, et qui vivront sans doute encore après. Air froid, Celui qui hantait les ténèbres et l'Indicible sont trois courtes nouvelles fantastiques, dans des styles assez différents. Air froid, essentiellement s'éloigne de ce que peut faire habituellement Lovecraft. Avec le monstre sur le seuil, nous retournons à Arkham. Si l'auteur livre des éléments de fin dès le début du texte - c'est habituel de sa part - ce nouveau témoignage direct est d'autant plus poignant, que, pour une fois, les personnages impliqués partagent un lien amical fort, ce qui est rarement le cas. L'aspect émotionnel est donc présent d'une façon différente, et l'on n'est pas confronté à la même incompréhension ou indifférence que l'on peut trouver dans les liens familiaux, ou les liens de collègue que l'on retrouve sinon. Avoir lu auparavant le cauchemar d'Innsmouth m'aura forcément donné quelques clefs concernant cette histoire, sans en ôter le piquant. Le thème de la possession, des rituels occultes et de la vie après la mort sont très présents et donnent le ton de l'histoire. Dans l'abime du temps reprend en partie ces thèmes, même si l'histoire est très différente. Ce récit a de particulier qu'il s'étire sur de nombreuses années, et couvre peut-être toute la vie d'adulte du personnage principal et père de famille. Plus que les premiers évènements étranges, ce qu'il est plaisant de voir est la façon dont ce personnage tente de se reconstruire, pour essayer de comprendre ce qui lui est arrivé, pour garder un équilibre mental précaire. Sans que trop de détails soient donnés, on ressent l'importance qu'a eu pour lui le soutien de son fils (fils auquel est destiné le roman que l'on lit). Enfin, c'est justement cette volonté de comprendre, de connaitre la vérité et de trouver du sens qui remettra le protagoniste dans une situation dangereuse pour lui. Personnellement, je n'ai pas été surprise par la fin, l'ayant vue venir, mais elle reste adroite et transcrite d'une façon qui nous en fait ressentir toute l'horreur. En plus des thèmes déjà évoqués, on est confronté de façon très précise à la cosmogonie de Lovecraft, qui peuple la jeune planète Terre d'êtres vivants plus évolués que nous, et à la fois très différents, autres ; mais également à l'Histoire dans son ensemble, avec ces éléments que l'on sait de l'ancien passé et du futur qui sera celui de l'espèce humaine. La maison de la sorcière permet un retour à Arkham où toute l'action se déroule. Première histoire où le protagoniste ne sera pas narrateur ou auteur du témoignage que l'on lit, ce roman m'aura fortement impressionnée. Ayant lu en début de mois un ouvrage de vulgarisation des grandes théories de physique, même en ayant connaissance du fait que Lovecraft était contemporain d'Albert Einstein - entre autres - il m'a paru très moderne que soient évoquées ces théories scientifiques. Le personnage, étudiant à l'université en sciences et en mathématiques se trouve passionné par ces problèmes, et a l'idée d'étudier en parallèle les mythes et l'occultisme car soupçonnant que la solution aux équations est peut-être connue depuis longtemps par certains humains, et en particulier par une sorcière disparue depuis deux siècles et qui vivait justement là où notre étudiant loge. La question du voyage dans l'espace et le temps est le point central de l'intrigue, et la gestion des dimensions n'est pas sans rappeler la théorie des cordes. Ce lien que j'ai fait entre les deux livres est sans doute la raison pour laquelle j'en ai autant apprécié la lecture. Dans Les montagnes hallucinées, on retrouve un protagoniste narrateur, qui témoigne d'une expédition universitaire en Antarctique qu'il a dirigée avec plusieurs chefs de département. Narrée chronologiquement, on ressent une certaine lenteur, à la lecture, dans ce paysage immaculé. L'histoire est vraiment construite par paliers, l'horreur et l'intérêt, les questionnements augmentant au fur et à mesure. On retrouve de nouveau des traces des Grands Anciens, qui vivaient bien avant l'homme, et l'intérêt de l'histoire se déplace en partie vers l'Histoire et la décadence de la société de ces créatures qui aurait mené à leur disparition. Les questions posées trouvent des réponses discrètes, et combien horribles quand on pense à ce qu'elles impliquent. La couleur tombée du ciel, lue après ces témoignages directs, ne m'a pas vraiment marquée. Si dans la construction et les idées l'histoire est excellente, le récit, en témoignage indirect rapporté a fait qu'il était compliqué de compatir au malheur de la famille concernée par cette chute de météorite. Enfin, l'affaire Charles Dexter Ward est sans nul doute l'histoire que j'ai préférée à ce jour. Si l'on suit en grande partie le point de vue du médecin de la famille Ward, l'histoire est bien conçue, un chapitre étant dédié au charismatique et effrayant ancêtre de Charles Ward, Joseph Curwen. Les thèmes de la généalogie, de la vie après la mort, mais aussi de la nécromancie sont abordés avec succès, évoquant de loin le cauchemar d'Innsmouth et le monstre sur le seuil, bien que cette fois le lieu d'action soit Providence, ville de Lovecraft - et également celle où se déroule l'appel de Cthulhu. Et si la fin ressemble à un important deus ex machina, elle permet une fin propre et juste. Jane Austen J'avais déjà lu de la littérature anglaise avant de lire ce roman de Jane Austen par la lecture de Jane Eyre ou les Hauts de Hurlevent de deux des sœurs Brontë. Forcément, au vu de l'époque et des relations amoureuses qu'ils ont en commun (quoique pour les Hauts de Hurlevent on peut se poser la question de l'amour véritable...), je n'ai pas pu m'empêcher de faire la comparaison, et si une chose a pu me manquer, c'est bien cet aspect fantastique que l'on retrouve dans les écrits de ces deux dernières. Les mœurs de Londres et de la campagne anglaise de l'époque m'étant inconnues, je parlerai essentiellement des relations entre personnages. Clairement, le titre orgueil est préjugés est très adéquat car tout du long de l'histoire, on verra que ces questions se reflètent dans les deux personnages principaux que sont Elizabeth Bennet et Mr Darcy. Les deux ont un caractère bien trempé qui les rend originaux, humains et attachants à leur façon. L'importance des points de vue et du qu'en dira-t-on est très importante, et plusieurs fois dans l'histoire on découvre a postériori la vérité d'un autre personnage concernant un évènement particulier. Cela donne un réalisme certain, et c'est cela qui à mon sens en plus des personnages colorés fait le succès de l'histoire. J'ai particulièrement apprécié cette scène longue et dure entre les deux protagonistes en milieu d'histoire, qui permet justement de remettre des choses en perspective et de réaliser le côté odieux de la façon d'agir de chacun. Fontenelle Entretiens sur la pluralité des mondes est un ouvrage dont je n'avais jamais entendu parler, connaissant cet auteur essentiellement de nom et par des extraits de l'Histoire des oracles. Livre de vulgarisation scientifique sur la Terre, la Lune, les planètes, le Soleil, leur place et la place de la vie dans l'univers, bien que beaucoup de choses soient aujourd'hui fausses ou inexactes, je n'ai pu qu'admirer la modernité de ce point de vue (qui date du XVIIe siècle !) et le fait qu'il soit explicité pour les non scientifiques. C'était d'autant plus amusant en comparaison d'un livre à peu près semblable du XXIe siècle tel que l'est le tome 2 d'e-penser. Si l'ancien français de mon édition était une difficulté, la musicalité de la langue était par contre très agréable.
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AuteurJe suis Arlia Eien, auteure de fanfictions, d'articles , d'essai, et d'avis concernant des objets culturels ou des phénomènes liés au fanzinat. Je traduis également des fanfictions. Autres avis
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Juillet 2021
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